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PESTEIL Philippe (dir.)

Productions Alimentaires en Corse (1769-1852), Ajaccio : Editions Alain Piazzola, 2016.

Après la période d’indépendance sous le gouvernement paoliste la Corse devient une Région française et connait les tribulations des régimes successifs qui se succèdent à la tête de la France. L’île nouvellement conquise est l’objet de la curiosité des voyageurs mais aussi intrigue les responsables politiques, les militaires et les administrateurs qui se succèdent. Les archaïsmes des savoir-faire agricoles sont souvent jugés sévèrement et dénoncés comme entravant le développement des techniques nouvelles et l’essor général de l’économie. Reconnu pour ses richesses potentielles, ses terres littorales fertiles, son climat tempéré qui autorise les projections les plus hardies, le territoire demeure peu productif, non cultivé, insalubre et ses populations souvent rétives à accepter le changement. Ainsi, les principaux maux de l’agriculture sont pointés (absence de bras, insécurité, abondance des communaux...) parfois de façon bienveillante, parfois de manière plus martiale et les remèdes proposés et mis en œuvre connaissent des fortunes diverses. Des emblavures aux châtaigneraies en passant par la production d’huile d’olive et de vin cette recherche réalise un tour d’horizon complet des cultures vivrières mais aussi celles destinées à la commercialisation et suit l’émergence de nouvelles plantations (pomme de terre, maïs...). Avant même le Second Empire on découvre une Corse encore profondément attachées à assurer la continuité et la cohésion de ses anciens équilibres tout en laissant apparaitre des prémices de changement. Si des documents sont célèbres et constituent une mine d’information toujours indispensables comme le plan Terrier ou le questionnaire de l’An X, d’autres sont peu connus voire inédits et apportent un éclairage important pour enrichir la connaissance des communautés rurales de cette période et des rapports qu’elles entretenaient avec les autorités. En considérant les écrits de l’administration ou des maires comme de véritables témoignages de leur époque mais aussi de la pensée des auteurs et de leurs représentations, les rapports et mémoires concernant la Corse deviennent autant de textes à valeur ethnographique. Ce travail est une contribution à une histoire économique de la Corse saisie au travers des productions alimentaires émanant des communautés agro-pastorales avant leur lent déclin. Il est également une étude de la mise en place des prémices du libéralisme tant au niveau des mesures que de l’argumentaire déployé face aux dispositifs traditionnels et usages qui cherchent à assurer leur continuité. Il vise également à discerner les forces en présence et les rapports qui sous tendent en interne les fonctionnements sociaux soumis à l’accélération des transformations économiques. Philippe Pesteil est anthropologue à l’Université de Corse Pasquale Paoli, membre de l’UMR 6240 LISA et chercheur associé à l’EA 6294, Equipe alimentation (LÉA) de l’Université François Rabelais de Tours.

LUZI Christophe

La Corse Gustave Flaubert Impression de voyage, Ajaccio : Albiana, 2016.

Gustave Flaubert pose le pied sur l’île le 5 octobre 1840. Il n’a pas encore dix-neuf ans et vient, un peu par hasard mais aussi par goût, pour un séjour de quinze jours qui récompense sa réussite au baccalauréat. Il est accompagné d’un ami de son père et a promis à ce dernier la relation de ce voyage. Il est jeune, spontané et plein de sève, mais toujours sous l’influence de ses parents, de son éducation et de ses lectures ; il est pourtant déjà prêt à prendre son envol. Celui qui rêve tout haut et écrit sans fard dans les pages de son journal ou dans sa correspondance, sans autre filtre que le « style » imposé par le bien-raconter, est un observateur au regard aiguisé. Il raconte « sa » Corse, celle qu’il a vue, celle qui s’est découverte à ses yeux, le temps d’un rapide parcours entre Ajaccio et Bastia. Il est fasciné car le voici au pays de San Pietro Ornano et de Matteo Falcone dont il écrivait les histoires dans ses compositions de jeune lycéen. La rudesse du pays, son « naturel » – les paysages, les mœurs, les gens –, c’est ce qui l’émeut ; c’est aussi ce qui fonde le romantisme de l’époque : Gustave est en cela, en dehors de l’immense écrivain qui pointe déjà, un jeune homme bien de son temps. Christophe Luzi est docteur ès lettres, ingénieur de recherche CNRS à l'Università di Corsica Pasquale Paoli

Eugène F.-X. GHERARDI

Tournant de la Marine, La Corse de John-Antoine Nau 1909-1916, Ajaccio : Albiana, 2016.

John-Antoine Nau, bien que premier lauréat du prix Goncourt (1903) reste un auteur grandement méconnu. Le doit-il à son style, à la disparité de sa production (prose et poésie), à son éloignement des cercles qui font et défont les carrières ? Peu importe. Ses écrits ont bravé le temps, grâce notamment à certains proches (Jean Royère) et à la considération portée par d’autres grandes figures de la littérature de son temps (Guillaume Apollinaire). Écrivain pèlerin – né aux États-Unis, installé en Martinique, puis en Bretagne, puis dans de nombreux autres lieux en France –, il voyage inlassablement en Méditerranée, comme s’il cherchait le lieu idéal. Son Paradis. Il demeura sept ans en Corse, de 1909 à 1916, entre Ajaccio, Cargèse, Zicavo et Porto-Vecchio où il habita plusieurs années la petite maison dite « du tournant de la Marine ». Une maison d’où la vue qui s’ouvre sur le golfe est l’une des plus belles de la ville. Entre ciel, mer et maquis. C’est dans ce lieu qu’il conçoit et rédige certaines de ses œuvres dont quelques nouvelles, des poèmes, un roman. Il y relate « sa Corse », celle d’un voyageur impénitent et détaché, mais qui sait rester suffisamment longtemps dans un lieu pour connaître les gens et les modes de vies, et défier les clichés en évitant la superficialité. Sa correspondance présentée ici pour la première fois, la réédition de ses nouvelles et des extraits de son roman « corse » témoignent du regard original, inédit de John Antoine Nau sur l’île. Contextualisées et mises en perspective par l’auteur de la présentation, ces œuvres sont comme une invitation à découvrir une Corse curieuse et surprenante à bien des égards, vraie sans être véritable, celle d’un grand écrivain, la Corse de John-Antoine Nau Eugène F.-X. Gherardi est professeur à l’université de Corse. Il a publié de nombreux ouvrages sur l’histoire littéraire et culturelle de l’île dont, dans la même collection, La Corse d’Eugène Rosseeuw Saint-Hilaire.

Eugène F.-X. GHERARDI

En semant ses bienfaits dans le cœur des enfants. Sources d’histoire de l’éducation en Corse. Fin XVIIIe – XIXe siècles, Ajaccio : Albiana, 2016.

Force est de reconnaître que l’école corse de l’extrême fin du XVIIIe siècle et de la première moitié du XIXe siècle n’est pas l’institution figée souvent décrite. Il convient de la situer dans le temps et les espaces, de la saisir sous l’éclairage des cultures italiennes et françaises et d’analyser les processus sociopolitiques qui la contraignent. Si le XIXe siècle est par excellence le « siècle éducateur », encore doit-on préciser que l’héritage des Lumières reste essentiel. L’école corse entre dans un long processus de redéfinition de ses contours et de ses missions. Depuis la publication de l’Histoire de l’école en Corse, première grande synthèse sur ce sujet, je n’ai jamais relâché mes efforts. Nous avons sillonné ce vaste terrain et en avons retourné la terre. Dans l’île, les archives ayant trait à l’éducation restent encore trop peu inexploitées et même souvent menacées dans leur intégrité physique. Que sont devenues les archives des écoles normales d’Ajaccio ? Quel est le sort des archives de nos écoles de villages ? Que sont devenus par exemple les cahiers et les carnets, les notes et les papiers, la correspondance de nos humbles instituteurs corses ? Je me suis attelé ici à rassembler quelques fragments épars, à en montrer la complexité, à lui donner sens, à chercher une cohérence dans les stratégies éducatives et les ruptures culturelles. Sur ce point, l’histoire permet aussi de mieux appréhender les questions actuelles sur l’école.

GARNIER Bruno & KAHN Pierre (dir.)

Eduquer dans et hors l’école. Lieux et milieux de formation. XVIIe-XXe siècles, Rennes : Presses Universitaires de Rennes, « Collection Histoire », 2016.

Si l’école a constitué, depuis le XVIIe siècle, en France mais aussi dans de nombreux autres pays, le cadre d’une étape de plus en plus ordonnée de la vie des enfants et des jeunes, à côté d’elle et souvent au-delà, ont coexisté et continuent d’exister d’autres formes et d’autres milieux éducatifs. Outre les familles, il faut mentionner divers acteurs, religieux ou professionnels, privés ou publics, communautaires ou nationaux, prétendant eux aussi à une efficacité éducative (Églises, armée, médecine, monde économique et monde du travail, pouvoirs politiques, etc.). L’ouvrage se propose de procéder à l’exploration historique de situations de coopération et de concurrence entre l’école et ces différents espaces éducatifs, en France et dans plusieurs autres pays, ainsi qu’à l’étude des rapports entre l’institution scolaire et les différents environnements culturels des enfants qu’elle scolarise. Parler de « l’éducation dans et hors l’école », c’est donc s’intéresser à diverses façons dont, historiquement, milieux éducatifs scolaires et non scolaires ont pu se rencontrer, s’articuler, s’influencer ou au contraire se démarquer les uns des autres. Bruno Garnier est Professeur de sciences de l’éducation à l’université de Corse Pascal Paoli (ESPE) et directeur adjoint de l’UMR CNRS LISA 6240. Pierre Kahn est Professeur émérite à l’université de Caen Normandie.

ALBERTINI Alexandra & ISOLERY Jacques

L’Eros insulaire, Paris : Petra, Collection « Fert’îles », 2016.

Dans la mythologie grecque, chez Hésiode en particulier, Éros est un dieu fondamental et fondateur puisque c'est son pouvoir qui permet, tout en séparant les entités primitives, de les relier pour créer ainsi Ouranos, Océan et Gaia et toute la race impérissable des dieux bienheureux. Le mythe repose donc sur la possibilité de faire émerger de l’être singulier, insularisé, depuis le Grand Tout chaotique, la grande soupe de l'extase cosmique... Éros, l 'Amour, et Himéros, le Désir, sont par ailleurs inséparables d'Aphrodite qui naît de la castration d'Ouranos par Cronos. Chypre, puis Cythére accueillent successivement la déesse, offrant dès lors à l'imaginaire amoureux une métaphore bien usée mais que l’amour, aveugle à cette usure comme à tant d'autres, rajeunit pourtant sans cesse ... L'amour est-il une île ? L'Éros est-il forcément insulaire et les îles ont-elles toujours quelque chose d'érotique ?

RETALI-MEDORI Stella (dir.)

Études en linguistique avec les docteurs et doctorants de l'Université de Corse

Actes de la "Tribune des chercheurs", 21 juin 2013, Bastia, Bastia : Société des sciences historiques et naturelles de la Corse, Collection « Corse d'hier & de demain », n°6, 2015.

GRAZIANI Antoine-Marie et BITOSSI Carlo (dir.)

Correspondance. Volume VI, L'égalité ne doit pas être un vain mot, 1763-1764, Editions Alain Piazzola, 2015

Le titre du sixième volume de la Correspondance de Pascal Paoli, « L'égalité ne doit pas être un vain mot », est tout à fait lié à la dernière lettre de la collection présentée, qui développe une sorte de manifeste du Paolisme, une lettre exceptionnelle déjà évoquée par le grand historien italien Franco Venturi dont le beau texte inédit en France de 1938, « Le fascisme contre Paoli », est placé en introduction. Une façon de rappeler avec le non moins remarquable texte de Giovanni Busino qui raccompagne, « La Corse dans l'historiographie italienne contemporaine », ce que le projet de publication de la correspondance de Paoli lui doit. La Corse de 1763-1764 quitte le « Temps des espérances » évoqué dans le volume précédent. Paoli a désormais en tête de donner une nouvelle constitution à son État, alors même que les ombres de la guerre avec Gênes s'estompent. Mais à peine un danger a t-il disparu qu'un nouveau se profile qui prend la forme d'une nouvelle intervention des troupes françaises, qui vient troubler les projets du Général. Plusieurs lettres évoquent aussi un événement qui aurait pu sans doute changer les choses : l'affaire Masseria d'octobre 1763. À travers un recueil au contenu très renouvelé, puisqu'une lettre sur deux en moyenne est un inédit, c'est tout le gouvernement paoliste qui transparaît à travers l'action de son chef. Un chef qui paraît en perpétuel mouvement, traversant l'île d'un bout à l'autre, visitant les différentes régions, construisant inlassablement son État tout en continuant à suivre souvent des affaires qui nous paraissent insignifiantes. L'homme privé apparaît peu, sous la forme souvent de détails sur ses problèmes de santé ou pour plaisanter un ami.

ALBERTINI Thérèse, FABIANI Thierry et LAMETA Nathalie

Petit traité des entrepreneurs corses d'aujourd'hui à l'usage de ceux de demain, Ajaccio : Albiana, 2015

Le monde de l’entreprise en Corse, bien souvent méconnu du grand public, est dynamique et innovant. Il recouvre des réalités diverses et suscite de véritables success stories. Le présent ouvrage, à travers les portraits et les interviews d’entrepreneurs, permettra au lecteur de pénétrer les arcanes de l’entreprise insulaire. Qu’il veuille identifier les perspectives d’avenir de la Corse qui entreprend, qu’il s’interroge sur les parcours et les difficultés inhérents à la mise en œuvre d’un projet d’entreprise, qu’il désire lui-même devenir entrepreneur, ou qu’il soit étudiant, le lecteur trouvera des pistes de réflexions en phase avec le contexte économique insulaire. Il découvrira des hommes et des femmes passionnées qui ont su s’investir pour créer des entreprises à la réussite exemplaire, souvent devenues des fers de lance de l’économie corse…

CANCELLIERI Jean-André et MARCHI VAN CAUWELAERT Vannina (dir.)

Les villes portuaires de Méditerranée occidentales au Moyen Age Iles et continents, Associazione MEDITERRANEA, Rivista MEDITERRANEA, NUMERO 26, 2015

Fruit d’un séminaire qui s’est tenu à l’université de Corse Pasquale Paoli les 13 et 14 juin 2013, ce recueil d’articles, qui réunit des spécialistes reconnus de l’histoire médiévale de l’Italie (Elisabeth Crouzet-Pavan, Georges Jehel, Laurent Vissière), de la Provence orientale (Alain Venturini), du Maghreb (Philippe Gourdin), des îles Baléares (Pau Cateura Bennàsser), de la Corse (Jean-André Cancellieri, Vannina Marchi van Cauwelaert), de la Sardaigne (Corrado Zedda) et de la Sicile (Henri Bresc, Pietro Corrao, Hadrien Penet), compare différents modèles de ports méditerranéens, étudiés sous l’angle des paysages urbains et des réseaux d’échanges. Comme le suggère le titre du recueil, les îles – qui sont le plus souvent absentes des grandes synthèses méditerranéennes – occupent ici une place centrale, ce qui permet d’inverser la perspective et de varier les échelles d’analyse. Cet ouvrage propose ainsi quelques pistes de réflexion sur ce qui pourrait être une histoire plus insulaire de la Méditerranée médiévale.

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