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Chaire Esprit méditerranéen Paul Valéry

CERVANTES Miguel (de), Don Chisciotte di a Mancia, traduction de Matteu Rocca, Ajaccio : Albiana, Coll. « Estru mediterraniu », 2016. (Chaire esprit méditerranéen Paul Valery)

La composition polyphonique de ce recueil est le résultat d’un travail d’équipe qui a réuni linguistes, interprètes et lecteurs bénévoles autour d’un document d’archive rarissime : la première traduction de 1925 en langue corse d’extraits d’une grande oeuvre de la littérature mondiale. Le metteur en scène et comédien Orlando Forioso, Napolitain vivant en Corse et prédisposé par son nom aux jeux d’identité, a conçu ce projet pour célébrer les quatre cents ans de la mort de Cervantès en entrant en dialogue à un siècle de distance avec Matteu Rocca, traducteur déguisé en peintre de la société. Nous avons choisi d’accompagner la traduction corse des chapitres correspondants en espagnol et en français, en omettant les passages non traduits par Matteu Rocca (coupures signalées par trois points de suspension). La traduction française à deux voix est celle que pouvaient lire les contemporains de Cervantès, transcrite dans une graphie à peine modernisée qui respecte la syntaxe originale, la couleur, le rythme et les archaïsmes de la langue de la Renaissance. Nous souhaitons ainsi permettre au lecteur de faire l’expérience d’une distance variable qui, par-delà le temps et l’évolution des langues, rend les aventures de Don Quichotte et Sancho Pança si populaires, si anachroniques et si familières à la fois. Cervantès a publié le Don Quichotte en deux parties, à dix ans de distance. La traduction française de César Oudin, publiée dès 1614, rend compte de la diffusion immédiate dans toute l’Europe de la première partie du roman (1605). Elle est antérieure à la publication en espagnol de la seconde partie (1615), traduite en 1618, deux ans après la mort de l’auteur, par François de Rosset. Comme Matteu Rocca, ces deux traducteurs occitans entendent la langue espagnole à la fois comme étrangère et familière, et chacun en restitue l’esprit avec son accent. César Oudin, qui connaissait plusieurs langues et avait occupé auprès du roi de Navarre les fonctions d’interprète et de diplomate, est également l’auteur d’un Recueil de sentences et de proverbes traduits du castillan. François de Rosset, poète et romancier provençal, a aussi traduit le Roland furieux de l’Arioste, qui occupe une place de choix dans la bibliothèque de Don Quichotte.

Chaire Esprit méditerranéen Paul Valéry

VALERY Paul, MADARIAGA (de) Salvador, Correspondance pour une société des esprits, Ajaccio : Albiana, Coll. « Estru mediterraniu », 2016. (Chaire esprit méditerranéen Paul Valery)

La Société des Nations suppose la Société des esprits. La Société des esprits n’est pas une fiction. Elle a toujours existé, avec une force inégale selon les temps. L’histoire de la civilisation est faite, comme la vie des peuples, non seulement d’actes publics et de monuments écrits, mais d’une énorme quantité de dialogues muets et de conversations sans paroles entre ceux qui pensent. À ce réseau s’en superpose un autre, fait d’échanges conscients, de rapports accidentels ou méthodiques, de colloques, de correspondances. Paul Valéry (1933)

MAUPERTUIS Marie-Antoinette (dir.)

Dynamique des territoires et développement durable, actes de la "Tribune des chercheurs", 6 juin 2014, Bastia, Bastia : Société des sciences historiques et naturelles de la Corse, Collection « Corse d'hier & de demain », n°7, 2016.

Comme chaque année, la Société des Sciences Historiques et Naturelles de la Corse propose avec le Laboratoire Lieux, Identités, eSpaces et Activités (CNRS - Université de Corse), une « Tribune des chercheurs ». Selon les objectifs fixés par la société lors de la création de cette manifestation, il s’agit de faire connaître et de valoriser les travaux de recherches menés à l’Université, particulièrement de la part des doctorants et des jeunes chercheurs. Le thème retenu pour cette 6ème édition : « Dynamiques Territoriales et Développement Durable ». Les actes du colloque seront publiés dans le Bulletin de la Société des sciences : « Corse d’hier et de demain » nouvelle édition. Responsable scientifique : Marie-Antoinette Maupertuis (Professeure en Sciences économiques) Les questions de dynamique territoriale et de développement durable font l’objet d’une réflexion importante depuis plusieurs années. A l’Université de Corse Pasquale Paoli, les travaux se sont orientés sur les interactions hommes-milieux et les conditions de soutenabilité du développement au sein des espaces insulaires, en particulier méditerranéens. En particulier, il est apparu comme essentiel d’intégrer le développement durable aux politiques territoriales. Ces politiques territoriales de développement durable reposent sur le constat suivant lequel de profondes recompositions affectent la géographie des activités humaines et économiques, dans un contexte historique marqué par deux tendances fortes. En premier lieu, l’existence d’un processus d’intégration économique des régions aux niveaux européen et mondial basé sur la baisse continue des coûts de transfert (transports, TIC, etc.) qui induit des phénomènes d’agglomération et de spécialisation entre et au sein des territoires. En second lieu, la pression de plus en plus forte exercée par les activités économiques sur l’environnement, qui invite à définir des mesures politiques pour un développement durable des territoires concernés. Les travaux de l’équipe « Dynamique des Territoires et Développement Durable » visent précisément à analyser, à différentes échelles spatiales, les stratégies des acteurs publics et privés permettant de répondre aux enjeux de soutenabilité précédemment évoqués.

ZUCKER Arnaud, BESSON Gisèle, FABRE-SERRIS Jacqueline, TILLIETTE Jean-Yves (dir.)

Lire les mythes : Formes, usages et visées des pratiques mythographiques de l’Antiquité à la Renaissance, Septentrion Presses universitaires, Collection « Mythographes », 2016.

Collectif avec la contribution de Françoise Graziani. Les mythes grecs et latins ont été transmis par les poètes et par les mythographes. Mais, quoique leur rôle ait été décisif, ces derniers ont été peu étudiés. Une des raisons en est que leur activité n'a jamais été constituée en genre, leurs pratiques étant aussi diverses que complexes. Ce volume, issu des travaux du groupe de recherches international Polymnia, cherche à répondre à la question : Que recouvre le terme 'mythographie' ? en étudiant un choix de textes représentatifs de la tradition mythographique en Grèce, à Rome, dans l’Europe du moyen âge et de la Renaissance. Pour mieux appréhender la diversité des méthodes et des propositions des mythographes anciens et modernes sur les significations et la fabrication des mythes, ces études sont centrées sur les formes, usages et visées de leurs écrits. Loin d’être de simples médiateurs et compilateurs, les mythographes ont été des analystes, des interprètes et des recréateurs de mythes, qui nous invitent à réfléchir à notre tour sur les constants efforts d’exégèse qui ont construit la culture occidentale. Travaux du réseau international de recherche Polymnia. La tradition mythographique de l’Antiquité au 17e siècle

UMR LISA

Annales méditerranéennes d'économie N°3 Enjeux et perspectives de la mise en réseau, Laboratoire Lieux, Identités, eSpaces et Activités (UMR CNRS 6240 LISA), Ajaccio : Albiana, 2016.

Actes de la journée de recherche PME et Territoires Corte 2013 Avant propos Jacques Orsoni La Marque territoriale régionale : quels enjeux pour le territoire ? – Thérèse Albertini, Delphine Bereni, Graziella Luisi Enjeux et difficultés d’une GPEC collective dans un réseau de PME territorialisé – Isabelle Bories-Azeau, Anne Loubes, Patrick Faillenet Quels facteurs de succès et d’échecs dans la construction d’une marque territoriale ? L’analyse du processus d’élaboration de la marque territoriale basque – Camille Chamard, Thierry Lorey L’enracinement dans les cultures régionales pour créer des marques fortes – Delphine Dion, Éric Remy, Lionel Sitz Qualité et tourisme, entre normalisation et convention. Une analyse à partir de la stratégie « qualité corse » – Jean-Marie Furt, Anne Iglesias-Geronne, Caroline Tafani Impact de l’essor des Produits alimentaires de terroir sur le développement territorial : une application au secteur alimentaire en Corse – Nathalie Lameta Compte rendu de lecture – Jean-Marie Furt Avant-propos : Si les chercheurs en économie et en management s’intéressent de près au fonctionnement des grandes firmes, en revanche le monde des petites entreprises reste assez mal connu, surtout lorsque celles-ci, telles les nôtres, opèrent dans le monde méditerranéen qui, du point de vue économique, reste un continent délaissé. Et voilà que pour son troisième numéro la revue AME consacre un dossier aux publications de l’équipe de recherche «?Dynamiques des Territoires et Développement durable?» de l’unité de recherche LISA de l’université de Corse. De nombreux universitaires corses en économie, en management et en sciences sociales se consacrent à ces études peu commodes, car le monde méditerranéen forme une mosaïque bigarrée et complexe. De fait, les entreprises qui évoluent de Gibraltar à Beyrouth, de Marseille à Alexandrie sont fort diverses. Cependant, quelques traits communs, qui n’appartiennent qu’à elles et qu’on ne retrouve ni à New York, ni à Londres, ni à Hambourg, leur confèrent une allure unitaire L’esprit d’entreprise d’abord Chacun sait qu’au-delà des situations historiques différentes vécues par chacune des régions bordant notre mer s’est constituée, au fil des siècles, une «?culture méditerranéenne?». Celle-ci résulte de tous ces brassages d’hommes, de techniques, de croyances ou d’idées que ne manquaient d’engendrer les échanges commerciaux, les affrontements guerriers, les exils, voire les colonisations. Or, quels sont ces caractères communs issus de la culture méditerranéenne qui font qu’une entreprise corse ressemble, sur bien des points, à une firme sicilienne ou libanaise ? Deux traits ressortent, qui stimulent ou freinent l’intention de s’engager dans l’aventure entrepreneuriale. C’est d’une part une organisation sociale fondée sur la famille élargie qui s’oppose au système articulé sur la famille nucléaire plus fréquemment rencontrée en Europe du Nord ou aux États-Unis. La singularité méditerranéenne amène ainsi un créateur à fonder son entreprise sur une base familiale et autour de réseaux claniques. Pareille structure favorise l’avènement d’une économie qui échappe en partie aux lois du marché, mais qui se constitue à partir d’échanges obligés. On privilégie l’intérêt du groupe, parfois coûteux, au détriment des rapports individuels et anonymes qui pourraient sembler moins onéreux. D’autre part, force est de constater que l’activité économique a été et continue d’être regardée avec suspicion, même si le commerce a connu des réussites florissantes, à Venise ou à Byzance par exemple. D’où une méfiance fréquente prononcée aussi bien par les philosophes grecs que par les théologiens chrétiens ou musulmans à l’égard de la quête des richesses. On condamne le prêt à intérêt, tandis que le marché de l’argent reste abandonné aux mains douteuses d’étrangers méprisés. Pourtant, en dépit de tous ces freins, souvent évoqués au point d’être devenus des clichés, le monde compliqué de la Méditerranée a connu et connaît encore des innovations entrepreneuriales majeures. De grands outils bancaires, comptables ou juridiques ont été forgés sur ces rivages, qu’il s’agisse de la comptabilité en partie double, de la lettre de change ou de la société en commandite. Ce sont toutes ces techniques qui ont favorisé l’essor du commerce au loin, donc de l’économie des temps modernes. Par ailleurs, maintes régions méditerranéennes possèdent une tradition d’entrepreneuriat très actif. Citons à quelques encablures de la Corse : la Lombardie, la Catalogne ou la région tunisienne de Sfax. Du nord au sud, de l’est à l’ouest, fleurissent des communautés fort douées pour l’initiative économique. Elles réussissent, tels les Lenche, ces Corses installés à Marseille, à développer des affaires florissantes hors du pays d’origine. Les études que nous menons depuis plus de vingt ans à l’université de Corse confirment que du Cap d’Agde au Cap Bon, de Barcelone à Istanbul l’esprit d’entreprise n’est certainement pas absent du ciel méditerranéen. Serait-ce alors le mode de gouvernement des firmes qui distinguerait le management méditerranéen des pratiques édifiantes qu’on enseigne à Harvard ou dans d’autres écoles célèbres des États-Unis ou d’Europe du Nord ? Un mode de gouvernance méditerranéenne Influencés par l’histoire des hommes, par les institutions, par les idéologies et par les cultures locales, les régimes de gouvernance observés dans le monde changent d’un territoire à l’autre. Cependant, dans les pays développés, on oppose souvent le modèle boursier anglo-saxon, orienté vers les actionnaires, au modèle partenarial «?rhénan?», régulé par les différents partenaires économiques, par les chefs d’entreprise, par les syndicats, voire par les consommateurs. Ces deux systèmes restent faiblement représentés sur les bords de la Méditerranée où, en revanche, on observe deux types de gestion dominants. Tout d’abord, un «?modèle administré?», essentiellement pris en charge par la puissance publique, reste fréquemment observé dans les pays qui, telle la France ou la Turquie, possèdent une tradition d’État fort. La Corse doit être rangée dans cette catégorie, avec son économie de rente arbitrée par l’État et par les pouvoirs politiques locaux. Vient ensuite le «?modèle en réseau?», que nous, Corses, pratiquons depuis le fond des âges. Il s’organise à partir de liens personnels et sociaux articulés sur la famille, sur le clan, sur l’ethnie ou la religion. De ce type de gouvernance résulte une économie de la relation, au sein de laquelle les choix des dirigeants apparaissent comme encastrés dans un système de rapports plus complexes que celui des simples transactions d’affaires qu’affectionnent les Anglo-Saxons. Alors : quel avenir ? Toutes ces singularités méditerranéennes nous intéressent beaucoup, puisqu’on les retrouve dans la plupart des entreprises corses. Certaines de ces questions sont étudiées aujourd’hui, dans ce troisième numéro d’AME, par nos chercheurs et nos chercheuses. Je n’en dévoilerai pas le contenu ici, préférant laisser au lecteur le plaisir de la découverte. Au contraire d’une opinion répandue, ce n’est pas l’esprit d’entreprise qui manque autour de la Méditerranée. Cependant, le mode de management, le plus fréquemment pratiqué dans ce canton du monde, paraît décalé par rapport à la Vulgate économique et gestionnaire enseignée dans les bonnes universités du monde. Pourtant, ce dernier modèle «?atlantique?», américain ou européen, ne présente pas que des vertus, comme chacun peut le constater. Il ne saurait être posé comme un idéal sur lequel les entreprises du monde entier devraient s’aligner. De fait, le management méditerranéen, en dépit de ses insuffisances, peut être amélioré. Son étude permet de (re)découvrir l’importance de certaines vertus, comme la confiance, les liens affectifs, le «?marketing relationnel?» et même le rythme de vie moins affairé. Si des hybridations se forment entre le froid modèle «?atlantique?» dominant et le management «?à l’usu mediterraneu?», on peut espérer que de telles transformations des styles de gestion produiront des modes originaux et plus efficaces, bien adaptés aux peuples qui vivent autour de Mare Nostrum. C’est à un tel projet que se consacrent nos chercheurs.

Xavier Peraldi

Annales méditerranéennes d'économie n°4 Solidarité et innovations, Laboratoire Lieux, Identités, eSpaces et Activités (UMR CNRS 6240 LISA), Ajaccio : Albiana, 2016.

Ce quatrième numéro des Annales méditerranéennes d’économie est « spécial » à plus d’un titre. De par le sujet abordé tout d’abord, Solidarité et Innovations, qui peut interpeller plus d’un dans le cadre d’une revue qui s’inscrit à titre principal dans le champ de l’économie. Il rejoint, en ces temps difficiles et troublés dans lesquels les économies occidentales cherchent les voies d’une croissance durable et inclusive, la réflexion menée depuis maintenant une génération sur les fondements théoriques et les mécanismes d’une économie sociale et solidaire. Par la mixité des contributeurs ensuite, qui relève tout autant du cénacle universitaire que du secteur bien réel de l’ESS, au premier rang desquels la Fondation de l’Université de Corse dont la directrice réalisa un jour que, sur les territoires confrontés à des handicaps structurels d’insularité et de ruralité essentiellement montagnarde, l’institution pouvait jouer un rôle de promotion de l’innovation sociale et de développement local. Enfin, cette livraison des Annales associe les actes de la chaire de l’ESS – qui s’est tenue à l’université au cours des années 2013-2014 « pour étudier, comprendre et soutenir l’économie sociale et solidaire » – à des mélanges en hommage à notre collègue Xavier Peraldi, maître de conférences en sciences économiques à l’université de Corse de 1986 à 2015 et disparu trop tôt en janvier de cette même année. Les lecteurs découvriront donc dans ce numéro, d’une part, un état de l’art récent sur l’ESS établi par des chercheurs impliqués très tôt dans la réflexion sur les modes de production et d’échange alternatifs au marché et, d’autre part, un exposé des opportunités réelles de dispositifs d’action mobilisables pour faire en sorte que certains territoires et certains groupes humains localisés en marge des aires de marché centrales puissent avoir accès aux biens et services courants, dans le domaine de la santé, des services à la personne ou même du commerce. Nous vous invitons à mettre en regard les avancées théoriques de ce qu’on appelle aujourd’hui l’ESS avec les avancées réelles sur le terrain de réalisations concrètes fondées sur les notions de partage, de solidarité, de don et de contre-don. Permettez, chers lecteurs, que nous saisissions l’opportunité qui nous est donnée dans la rédaction de cette préface de nous attarder un peu plus longuement sur la personnalité de celui qui est indiscutablement à l’origine de la recherche en économie sociale et solidaire en Corse et qui a porté, avec son collègue et co-auteur Michel Rombaldi, le projet de Chaire de l’ESS en partenariat avec la Fondation de l’Université de Corse. La singularité de ce numéro que nous évoquions précédemment dénote en fait la carrière tout à la fois riche et atypique de notre collègue Xavier. Spécialisé dans le domaine de l’économie régionale et, en particulier, dans les questions de transport, il avait produit plusieurs analyses sur les mécanismes coûteux de la continuité territoriale mobilisant les outils de l’économie industrielle dite « mainstream » lorsqu’il se prit d’un grand intérêt, au tournant des années 1990, pour les questions sociales et un champ tout juste naissant de la science économique plutôt hétérodoxe, l’économie sociale et solidaire. Nous avions émis l’hypothèse avec d’autres collègues de la faculté d’économie que son empathie naturelle à l’égard des plus démunis, ses échanges ajacciens avec plusieurs militants engagés dans l’aide aux moins chanceux l’avaient, à un moment donné de son parcours scientifique, conduit à soutenir la thèse que le marché était défaillant dans la fourniture de biens et services à tous et que l’allocation des ressources qu’il enseignait pourtant très bien dans ses cours de microéconomie, péchait en réalité beaucoup plus qu’il ne l’avait cru durant des années. « Le marché ne régule pas tout, le marché ne fait pas tout », essayait de nous convaincre Xavier. Mais quelles qu’aient été ses motivations initiales, le fait est que Xavier s’est attelé dans les règles de l’art à en démontrer la pertinence scientifique, ce qui lui a valu d’être assez rapidement reconnu comme un chercheur intuitif et productif dans le domaine. Plusieurs publications de qualité sont issues de cette réflexion et certaines vous sont livrées dans ce numéro. Mais sa notoriété s’est étendue au-delà du cercle scientifique, et les qualités humaines de Xavier, comme son engagement auprès de diverses associations, l’ont conduit à mettre en œuvre un important transfert des résultats de sa recherche vers le réseau des acteurs de l’ESS, en Corse en particulier et plus généralement ailleurs. Cette imbrication forte entre recherche théorique et actions orientées vers l’amélioration de la qualité de vie de certains de ses concitoyens nous impose aujourd’hui d’écrire que l’hommage que nous souhaitions rendre à l’homme de science doit être tout autant rendu à l’homme d’action. Certains de ceux qui l’ont côtoyé souriront à l’énoncé de cette qualification tant sa personnalité était faite de discrétion et de modestie et tant Xavier n’avait rien d’un Rambo ou d’un matamore. Par action, nous entendons la transformation progressive de ses idées et résultats en « petits » gestes de solidarité ô combien nombreux, actes militants ou engagements institutionnalisés plus forts comme la création de la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire en Corse. La chaire Solidarité et Innovations – objet des présents actes – est sa dernière œuvre. Notre collègue et ami aura ainsi réalisé en une quinzaine d’années ce que certains enseignants-chercheurs ne font pas en une carrière : produire de la connaissance, la transmettre et constater par soi-même l’utilité sociale de son travail intellectuel. L’ESS lui doit beaucoup, tant sur le plan économique que sur le plan de la pratique sociale. La Corse et les acteurs de l’économie sociale ont perdu un précieux défenseur de la réduction des inégalités socio-spatiales, du progrès social et, comme il disait lui-même, « d’un monde meilleur pour tous ». È noi, prufessori è studienti di l’università di Corsica, avemu persu un ricercatore di gran valore è un amicu caru chi ci manca ogni ghjornu

GRAZIANI Antoine-Marie

Journal militaire de la campagne en Corse du Prince Louis de Wurtemberg en 1732, Ajaccio : Editions Alain Piazzola, 2016.

Journal militaire de la campagne en Corse du Prince Louis de Wurtemberg en 1732, Ajaccio : Editions Alain Piazzola, 2016. Ce document rapporte les événements survenus en Corse lors de la deuxième intervention impériale : celle du prince Louis de Wurtemberg en Corse en 1732. La première intervention s'étant déroulée en 1731, s'était soldée par un échec cuisant. Ce journal a été tenu par un membre du corps expéditionnaire, probablement officier dans l'artillerie. Le point de vue est celui des troupes de l'Empereur Charles VI d'Autriche : il ne s'encombre pas du droit des peuple s et affiche la nécessité d'une intervention s'agissant d'une île en rébellion contre le pouvoir reconnu internationalement, celui de la République de Gênes, alliée de l'Empereur et dont le domaine est garanti par celui - ci ; mais aussi, comme l'affirme le manuscrit, parce que Charles VI voit derrière les mouvements dans l'île l'inspiration des Bourbons espagnols et français. Ajoutons que ce manuscrit possède une iconographie remarquable et pratiquement unique. Les représentations connues de la Corse sont quasi exclusivement urbaines et le plus souvent liées à un édifice remarquable ou à des travaux à effectuer. La vue du campement des troupes qui débarquent à Calvi, les vues de Belgodere, Montemaggiore, Calenzana, Corte, Bastia... et surtout une grande carte dépliante reproduite en fin d'ouvrage, nous font découvrir une iconographie qui est demeurée inédite jusqu'à ce jour.

REY Didier

L’Automobile à la conquête de la Corse (1897-1921), Ajaccio : Editions Alain Piazzola, 2016.

E vitture, una passione nustrale ! Ces quelques mots, publiés dans les colonnes du journal A Piazzetta en 2014, indiquent assez l’importance prise par l’automobile dans la vie quotidienne des Corses, tout autant que dans leurs manifestions culturelles. Il semble pertinent de vouloir travailler sur cet aspect de l’histoire et de la culture insulaires en commençant par le début ; autrement dit quand, comment, pourquoi et par qui l’automobile s’installa-t-elle en Corse, puis s’y développa-t-elle ? Quelles furent les modalités de son intégration culturelle ? Quelle part y prirent les média, de la carte postale à la presse en passant par le cinéma ? Le sport automobile eut-il droit de cité ? C’est à ces questions que ce petit ouvrage tentera d’apporter un début de réponse.

RETALI-MEDORI Stella (dir.)

Vite è maglioli, la viticulture en Corse : lexique et usages, Ajaccio : Editions Alain Piazzola, Collection « detti è usi di paesi », 2016.

Vite è maglioli – La viticulture en Corse : lexique et usages est le quatrième volume de la collection « Detti è Usi di Paesi ». Cette publication, à l’instar des précédents ouvrages de cette collection, est une extraction thématique de la Banque de Données Langue Corse. Culture multiséculaire dans l’île, la viticulture est abordée ici sous l’angle linguistique et ethnolinguistique. Au travers d’une vingtaine de cartes de synthèse, d’analyses lexicales mais aussi de restitutions de témoignages en langue corse (avec traductions) et de photographies, c’est le travail traditionnel de la vigne et la production du vin qui sont exposés dans ce livre. Notons que la ville génoise de Bunifaziu, ayant connu une importante activité viticole par le passé, est également représentée dans l’ouvrage. Produit d’un héritage multiséculaire, la viticulture insulaire offre une terminologie riche que les auteurs proposent de découvrir ou de redécouvrir. La technicité du vocabulaire reflète la spécialisation de l’activité agricole dans cette dimension temporelle. Par ailleurs, les cartes illustrent des phénomènes de variation linguistique dans l’espace insulaire, tandis que les analyses lexicales permettent d’en saisir la genèse. Amplement hérité du latin, le lexique corse de la viticulture est aussi le produit d’échanges et de rencontres avec d’autres rives de la Méditerranée aux sources desquelles il s’est enrichi, à l’image des objets que la langue nomme. Stella Retali-Medori est Maître de Conférences Habilitée à Diriger des Recherches en Sciences du Langage, et Aurelia Ghjacumina Tognotti est Docteure et Attachée Temporaire d’Enseignement et de Recherches. Toutes deux sont membres de l’UMR 6240 LISA (CNRS – Università Pasquale Paoli) et ont créé le Dictionnaire Dialectal et Étymologique des Parlers Corses. Stella Retali-Medori dirige par ailleurs, avec Marie-José Dalbera-Stefanaggi, le programme du Nouvel Atlas Linguistique et Ethnographique de la Corse (NALC) – Banque de Données Langue Corse (BDLC).

RETALI-MEDORI Stella (dir.)

Atti del Workshop Lingue delle Isole, Isole linguistiche (Corte 22-23 Settembre 2014), Edizioni dell’Orso, 2016.

Cette publication est le résultat d'un workshop, organisé à l'Université de Corse en 2014, dédié aux langues des îles et îlots linguistiques de la mer tyrrhénienne. Douze contributions y explorent la problématique des continuités et ruptures entre le continent et les îles, ou entre les îles "linguistiques" et les variétés italo-romanes en contact.

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