“L’esprit peut-il nous tirer de l’état où il nous a mis ?” Paul Valéry
Le pouvoir de cohésion de l’amitié est un des principes anthropologiques de la philosophie morale et politique d’Aristote. L’amitié accorde les esprits, ce n’est pas seulement un sentiment mais d’abord une vertu intellectuelle et morale qui stimule les individus et les sociétés, y compris pour bien agir. S’il existe plusieurs formes d’amitié (philia), toutes participent à la fonction commune de créer une entente mutuelle, condition de possibilité d’une société durable et respectueuse des différences et des oppositions.
L’appel lancé par Valéry en 1933 pour redonner place à une « Société des esprits » dans la Société des Nations ne cesse d’être d’actualité, car il inscrit dans le temps des identités multiples qui s’entendent, de près ou de loin, pour préserver la paix. Les débats actuels sur l’accueil des réfugiés, qui inquiètent tant les sociétés modernes, sont le signe d’un délitement des principes de civilisation qui sont à l’origine de toutes les sociétés humaines : le droit d’asile, l’hospitalité et le partage.
Invité d’honneur :
Roberto Beneduce
Professeur d’anthropologie médicale à l’Université de Turin