Dans ce cadre, il consiste à modéliser les possibilités et potentialités (mais aussi les risques) d’un développement économique d’un territoire insulaire centré sur ses propres ressources, qu’elles soient naturelles, patrimoniales ou culturelles. Pour ce faire, il convient de dépasser les contraintes que connaissent généralement de tels espaces en raison de leur taille, de leur statut de région périphérique et de leur statut d’insularité qui, par nature, en font des espaces contraints et vulnérables des points de vue social, culturel et environnemental. Trois axes de recherche ont été définis afin de traiter ces problématiques :
AXE 1 - Relations centre-périphérie et gouvernance insulaire
Les chercheurs de l’axe 1 « Relations centre-périphérie et gouvernance insulaire » de l’équipe TerRA étudient les dispositifs institutionnels qui sont favorables au développement d’un territoire insulaire dans un contexte de redéfinition de la politique de cohésion de l’Union Européenne. L’étude de ce problème est d’autant plus important que, loin d’avoir disparu du fait des politiques de convergence, le clivage centre-périphérie dans l’Union européenne a été sensiblement accentué par la crise économique et financière. Dès lors, il est essentiel d’identifier les contraintes et opportunités, qu’elles soient législatives ou économiques, à la mise en place de stratégies qui permettent de mettre en place une trajectoire de développement basée sur les ressources propres à un territoire insulaire.
Concernant les contraintes économiques, les chercheurs approfondissent, dans une perspective de nouvelle économie géographique, les questions liées aux coûts de communication pour déterminer si la baisse de ces coûts, notamment des coûts de transport, est suffisante pour réduire les handicaps liés à l’éloignement du centre des territoires périphériques insulaires. En effet, l’avantage des grands centres urbains résident fondamentalement dans des conditions favorables à la circulation de connaissances. Il va donc s’agir pour les chercheurs de déterminer comment une petite région périphérique et insulaire peut, notamment en optimisant sa gestion des transports, s’insérer davantage dans les flux de biens et services intermédiaires, qui sont vecteurs de connaissances technologiques, et développer ainsi des secteurs innovants, voire à la frontière technologique.
Du point de vue du Droit et des Sciences Politiques, une des questions centrales qui est étudiée est celle de l’évolution des relations entre les différents échelons institutionnels, c’est-à-dire européen, national et régional, qui sont caractérisés par des tendances contradictoires, notamment concernant la prise en compte des handicaps des régions périphériques et insulaires.
AXE 2 - Compétitivité et valorisation des aménités culturelles et patrimoniales
Les chercheurs de l’axe 2 de l’équipe TerRA étudient les conditions normatives qui peuvent permettre de mettre en œuvre des activités économiques basées sur la valorisation des aménités naturelles, patrimoniales et culturelles propres à un territoire insulaire. Autrement dit, ils s’interrogent sur la capacité de ces acteurs à déployer une stratégie de différenciation sur la base de ces actifs qui soit susceptible de renforcer leur compétitivité face à une concurrence mondialisée. Le secteur du tourisme, dont la trajectoire de croissance est généralement fondée sur la valorisation des actifs naturels ou culturels et qui représente une voie de développement économique et territorial qui peut être efficace dans un contexte insulaire, constitue bien évidemment un des objets d’étude privilégiés des chercheurs de l’axe. Au-delà, les chercheurs de l’axe, économistes, gestionnaires, sociologues et géographes, souhaitent notamment identifier et comprendre trois composantes d’une stratégie de développement basée sur les ressources naturelles, culturelles et patrimoniales d’un territoire :
- La première de ces composantes concerne les mécanismes qui jouent en faveur d’une transition vers un tourisme respectueux des équilibres territoriaux.
- La seconde porte sur les conditions de la mise en œuvre de démarches de différenciation et de valorisation de l’offre territoriale et les incitations qui sous-tendent cette mise en œuvre.
- Enfin, la troisième composante porte sur l’intégration de la composante territoriale dans les comportements et les stratégies des acteurs et des organisations.
AXE 3 - Prévention des risques liés à la spécialisation des espaces périphériques insulaires
Si les ressources culturelles et patrimoniales peuvent être considérées comme des opportunités de différenciation et de compétitivité territoriale, elles ne sont pas indissociables de risques de surexploitation lorsqu’elles sont mobilisées dans un contexte de spécialisation touristique. Par ailleurs, ces ressources sont particulièrement fragiles en milieu insulaire. C’est pourquoi les chercheurs réunis au sein de l’axe 3, « Prévention des risques liés à la spécialisation des espaces périphériques insulaires » de l’équipe TerRA s’interrogent sur les moyens de mesurer et de corriger les impacts induits par une spécialisation basée sur la valorisation de ces ressources, notamment en termes d’externalités environnementales (pollution, déchets, bruit, encombrement par exemple) et d’impacts sociaux (par exemple, le développement d’activités criminelles ou la saisonnalité et la nature peu qualifiée des emplois offerts). Les dispositifs envisagés dans les cadres des travaux des chercheurs de l’axe pour rendre une trajectoire assise sur ce type de spécialisation soutenable sont basées sur des incitations qui peuvent prendre des formes variées : normes, incitations pécuniaires mais également passer par des instruments informationnels.
Bien que cet axe soit majoritairement composé d’économistes, des approches volontairement interdisciplinaires sont utilisées en recherchant des complémentarités entre les méthodes utilisées en Science Economique et dans d’autres champs disciplinaires tels que la géographie, l’aménagement du territoire ou la sociologie par exemple. Les thématiques abordées relèvent de la gestion des ressources naturelles, autour de questions liées notamment à l’utilisation des ressources foncières ou à la consommation énergétique, et de l’économie de l’environnement, autour de problématiques telles que la gestion des déchets ou la prévention et la lutte contre les incendies, mais également de l’économie du droit à travers, par exemple, l’évaluation des liens entre spécialisation touristique et activité criminelle.