La distribution des prix. Tome 1, Le temps de l’éloquence au lycée de Bastia (1846-1903), Ajaccio : Albiana, 2011

« N’oubliez pas que la Corse a les yeux sur vous ; songez que vous avez à soutenir l’honneur de cet établissement, et à montrer que ce n’est point en vain qu’il a été fondé. Ouvrez donc vos esprits avec ardeur à la culture intellectuelle ; ouvrez vos cœurs à toutes les nobles, à toutes les généreuses inspirations, et par des efforts assidus, par une application constante, travaillez tous à être un jour le soutien, la lumière et la gloire de votre pays. » Tels sont les derniers mots d’un discours prononcé lors de la distribution des prix en 1846 par Victor-Honoré Guérin, ancien élève de l’École normale supérieure, professeur de rhétorique au collège royal de Bastia. Tour à tour, collège jésuite de 1601 à 1768, établissement d’enseignement public en 1770, école centrale en 1798, collège communal en 1808, collège royal en 1843, lycée en 1848, lycée impérial sous le Second Empire, collège et lycée sous la Troisième République, le collège Simon-Jean-Vinciguerra connu sous l’appellation toujours vivace de « Vieux Lycée », est un lieu important de la mémoire bastiaise et un élément incontournable de l’histoire éducative de la Corse. Dès le XIXe siècle, la vie de l’établissement semble ponctuée par la distribution annuelle de prix remis aux élèves méritants. À Bastia, comme partout en Europe, l’instruction publique, c’est, désormais (ce l’était peut-être même déjà avant Guizot), la culture élaborée par la bourgeoisie gouvernante à l’intention du peuple. Pour ma part, je souhaite considérer l’évolution du discours de distribution des prix comme une tradition, à la fois littéraire et scolaire, aux racines profondes. Ce travail repose donc sur une observation historique et anthropologique à la fois des cérémonies professorales et de l’ensemble des traditions et sociabilités du lycée de Bastia.