Le phénomène des séries télévisées dites « de qualité » qui connaissent un succès planétaire touche, depuis quelques années, des pays et des cultures autres que celles anglo-saxonnes : parmi celles-ci, l’Italie et l’Espagne ont produit plusieurs séries qui se sont exportées à l’étranger, jusqu’à devenir de véritables phénomènes de mode dont les codes sont adoptés par les différentes communautés de spectateurs. Se détachant des célèbres soap-opera ou autres sitcom, les séries comme Romanzo criminale, Gomorra, Suburra, 1992 (et les saisons suivantes 1993 et 1994) ou Les Médicis pour l’Italie et, pour l’Espagne, La casa de papel, Alta Mar, Vivir sin permiso, Hierro ou encore la toute récente Hache s’appuient sur le genre « noir » (policier, figures du banditisme, lecture romancée de l’Histoire, complots, vengeance, hors-la-loi…) pour séduire le spectateur tout en interrogeant l’idée de « consommation » de l’oeuvre grâce au principe des saisons en plusieurs épisodes (narration ample et adaptation du concept de page turner) et à la démocratisation de l’accès à des plateformes de diffusion comme Netflix ou Amazon Prime (accès illimité, VOD, téléchargement légal ou illégal, streaming, phénomène addictif et binge-watching), à partir d’éléments souvent empruntés au cinéma, dont elles s’inspirent d’ailleurs parfois directement. Les productions sont aujourd’hui nombreuses et diversifiées dans un paysage audiovisuel italien et espagnol qui, plus que jamais, est tourné vers l’international : en plus des titres déjà évoqués, il convient de citer The Young Pope, Baby, Il commissario Montalbano, L’amica geniale, Il nome della rosa, Winx Club, Élite, Las chicas del cable, Velvet ou encore les catalanes Polseres vermelles, Benviguts a la familia, Si no t’hagués conegut mais aussi, bientôt, Curon, actuellement en tournage pour Netflix autour du célèbre Lac de Resia, au nord de l’Italie, exemples d’un propos régionalisant aux prises, désormais, avec la mondialisation rendue possible par la vidéo à la demande à l’accès facilité pour de nombreuses communautés de spectateurs aux quatre coins du globe. Au cœur de la Méditerranée, la Corse, aussi, est une source d’inspiration pour des séries télévisées dont la portée est aussi bien régionale (Back to Corsica, sur France 3 Via Stella) que nationale (Mafiosa sur Canal+). D’autres projets sont en cours (comme Mal’Concilio, adaptation du roman culte de Jean- Claude Rogliano, actuellement à la recherche de financements), interrogeant les idées de représentation (autoou hétéro-), l’acceptation de l’image de soi, l’évolution des modes de production, de narration/d’écriture, de consommation, etc. : une nouvelle preuve de la nécessité de décrypter ce phénomène épocal qui passionne les (télé)spectateurs, d’ici et d’ailleurs !
Retrouver ci-dessous le reportage de France 3 Corse Via Stella :