Annales méditerranéennes d’économie n° 1 – Réalité et perspectives de l’économie corse, Ajaccio : Albiana, 2008

Extrait : Pourquoi AME ? De la Corse, on connaît de mieux en mieux l’histoire et la culture. En revanche, l’étude de son mode de fonctionnement économique reste un domaine quasiment vierge. D’où le désir de certains d’entre nous d’en savoir davantage et de faire partager, par le moyen de cette revue, les apports des recherches effectuées à tous ceux qui s’intéressent à ce territoire et à ses habitants. Car si le politique passionne ici les hommes, l’économique reste négligé. Mais pourquoi des Annales méditerranéennes d’économie, pourquoi étendre notre regard au-delà du rivage insulaire ? Comme chacun sait, la Corse est une île au milieu de la Méditerranée ; elle est même, selon certains, « la Méditerranée par excellence ». Pour mieux nous découvrir nous-mêmes, il nous est apparu fécond d’élargir le champ de nos investigations vers l’étude de l’économie – ou plutôt des économies - de ces terres qui bordent Mare Nostrum. Celles-ci posent, en effet, bien des énigmes, dont ne s’occupent guère les universitaires et les experts. Certes, la Méditerranée a été l’un de ces phares qui, par période, apportent de la lumière au monde. La philosophie, les religions, les sciences, le droit, l’art de l’Occident et de l’Orient ont vu le jour ici ou là au bord de cette mer. Même l’économie en voie de mondialisation y est née, au moment où l’on inventait, sur ses rives, les outils du capitalisme naissant, qu’il s’agisse de la comptabilité en partie double, de la lettre de change ou de la société en commandite. Or, ce temps n’est plus. À l’observateur qui s’y aventure le monde méditerranéen apparaît même souvent comme un contre-exemple des « bonnes pratiques » chères aux propagateurs de la vulgate économique et managériale. La question se pose donc de savoir si les peuples de la Méditerranée sont toujours en mesure de jouer un rôle aussi important que par leur passé le plus florissant. De fait, lorsqu’on examine le catalogue des pratiques méditerranéennes, anciennes et modernes, l’observateur ne manque pas d’exemples – de « modèles » ? – qui stimulent encore les économistes et gestionnaires du monde entier. Ce sont, par exemple, des types d’organisation d’entreprises en réseaux ou en districts ; ce sont aussi des rapports entre les hommes plus affectifs et moins dépersonnalisés, dont les recherches contemporaines (re)découvrent les vertus. Les signataires des articles sont des chercheurs reconnus. Ils souhaitent s’adresser à un large public et ont le souci d’éviter de sombrer dans l’académisme étroit. Espace de partage et de médiation, la revue Ame restera éminemment attentive aux remarques, critiques et suggestions de ses lecteurs.