La Corse de Guy de Maupassant, Ajaccio : Albiana, 2007

À l’automne 1880, Guy de Maupassant, auréolé du succès de Boule-de-suif, saisit l’occasion de rejoindre sa mère alors en cure en Corse. Les quelques semaines qu’il y passe lui suffisent pour écrire plusieurs chroniques pour les grands journaux (Gil Blas, Le Gaulois) et bâtir quelques récits et nouvelles qu’il intégrera ensuite dans ses recueils. Ce qui l’attire ici, quelques années à la suite de son mentor et ami Gustave Flaubert, c’est l’omniprésente sauvagerie insulaire. Il en est persuadé : paysages, paysans, bandits, société, mœurs, tout ici respire les cruels débuts de l’Humanité. On est loin du bon sauvage, cher à Rousseau, modelé et rendu bon par une nature édénique... C’est une opportunité, aisée, pour tremper sa plume alerte dans le cynisme, et gloser sur l’exemplarité et le goût naturel de l’homme primitif pour le mal et la cruauté sous toutes ses formes. Autant de caractéristiques déjà à l’époque indissociablement liées à son art, celui des courts textes édifiants. Ainsi, la Corse de Maupassant n’est-elle pas vraiment la Corse — plutôt un noir phantasme romantique — mais elle est déjà, indubitablement du Maupassant de qualité.