La Table en Méditerranée est une publication qui a pour ambition modeste de partager avec l’ensemble des acteurs que les enjeux de société intéressent le fruit des débats et réflexions relatifs à la question sensible des ressources et pratiques alimentaires et qui ont pu s’exprimer lors des Rencontres 2009.
La problématique de l’alimentation traitée lors de ces Rencontres 2009 comme un forum citoyen a été l’occasion de montrer combien la réflexion en sciences humaines et sociales constitue une voie d’exploration de solutions alternatives aux questions « socialement » et « politiquement » vives.
Ainsi la confrontation des savoirs culinaires en Méditerranée a permis une meilleure connaissance et des techniques utilisées et des pratiques alimentaires étudiées en résonance avec un réseau d’interactions culturelles sans lequel toute réflexion échouerait à rendre compte de la complexité de tout système alimentaire. Car ces usages alimentaires ne se limitent pas à de simples recettes de cuisine, ils offrent également au chercheur la possibilité d’observer un ensemble de codes, culinaires, religieux, astronomiques, sexuels, emboîtés les uns dans les autres dont la cohérence s’articule autour essentiellement du corps : sentir, goûter, pétrir, mesurer, marcher, autant de gestes précis en étroite relation avec des règles de savoir-faire et un mode de vie.
C’est dans le cadre scientifique de l’UMR 6240 LISA (Lieux, Identités, eSpace, Activités), au sein du projet « Identités, cultures : les processus de patrimonialisation », et notamment dans une stratégie de valorisation et de diffusion de la recherche que s’inscrit notre collaboration aux Rencontres organisées par Marie-Ange Pugliesi et la Ville de Bunifaziu.
Les Corses, dans leur rapport au territoire insulaire, ont développé dans la longue durée de l’espace-temps méditerranéen, à l’articulation de la nature et de la culture, un ensemble de savoirs, d’usages, de pratiques et de représentations constituant une ressource qui permettra à toute politique de développement pour la Corse de concilier et la Mémoire et le Projet. Attachement au biotope et enracinement identitaire confèrent dans l’imaginaire collectif insulaire une valeur existentielle à toute politique de mise en avenir de la Corse.
Afin que soient maîtrisés les phénomènes de qualification territoriale induits par la « mise en patrimoine » des traces du passé, des sites naturels, des produits locaux… les opérations requièrent différentes étapes :
– la recherche (collectes, repérage de fonds, constitution de données, analyses…)
– la conservation (numérisation de fonds, archivage)
– la formation (sensibilisation des différents opérateurs : institutionnels, économiques et des différents publics : scientifiques, scolaires, citoyens…)
– la valorisation (publications/expositions, action culturelle, mise en ligne, transmission, élaboration de produits touristiques…).
Pour la Corse, « la mise en patrimoine » d’un capital non encore exploité offre la possibilité d’élaborer un projet territorial porteur de sens dont les marqueurs identitaires alors définis constituent le socle d’un possible « vivre ensemble ».
Que cette publication soit reçue comme une contribution à la réflexion générale au moment où les sociétés humaines ont à repenser leur contrat social comme naturel.
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