Théodore de Neuhoff, roi de Corse. Un aventurier européen du XVIIIe siècle, Ajaccio : Albiana, 2011

Le 5 avril 1736, Anton Francesco D’Angelo, le vice-consul de France en poste à Bastia, informe le ministre Maurepas de l’accostage, quelques jours auparavant à Aléria, d’un navire anglais que l’on dit avoir été armé par le consul d’Angleterre à Tunis. A mis pied à terre un « Personnage » habillé à la longue d’un habit écarlate, portant épée, canne, perruque et chapeau. Les chefs corses qui se sont déplacés pour le recevoir lui donnent le titre d’excellence et de roi de Corse. Bientôt l’on apprendra qu’il s’agit de Théodore, baron de Neuhoff, qui se proclame par ailleurs lord anglais et Grand d’Espagne. Un rapport anonyme, rédigé courant d’août, le décrit comme un homme de bonne prestance, de haute stature et à l’embonpoint prononcé qui parle italien avec un fort accent allemand. Dès les premiers jours, il ne cache pas son intention de ceindre la couronne de Corse, ce qui adviendra le 15 avril. Débute alors un règne éphémère de sept mois qui permit à la révolte des Corses contre les Génois de rebondir. Mais, bien plus que ce règne d’un été, encore mal connu, c’est la longue dérive qui suivit son exil et sa fin miséreuse qui enflammèrent l’imagination de ses contemporains. Les plumes acérées de Voltaire, du marquis d’Argens ou encore d’Horace Walpole sculptèrent définitivement ensuite la statue du roi Théodore.