Equipe « Identités, Cultures : les processus de patrimonialisation » (ICPP)

Les chercheurs du thème Identités et cultures : les processus de patrimonialisation analysent de manière interdisciplinaire (lettres, art, langues, communication, éducation, histoire, archéologie, anthropologie) et dans une perspective méditerranéenne la notion de patrimoine dans le contexte corse et méditerranéen.

Depuis une dizaine d’années, le patrimoine de l’île est en effet soumis à une très forte demande sociale, liée à la fois à des revendications identitaires et à une nouvelle consommation touristique, qui fait de la Corse un terrain d’étude privilégié pour l’analyse des processus de patrimonialisation. Les travaux visent notamment à déterminer des critères scientifiques de définition du patrimoine qui replacent la Corse dans son aire méditerranéenne et à proposer de nouveaux outils de valorisation fondés sur les Humanités numériques (Médiathèque de la Corse et des Corses). L’équipe ICPP apporte ainsi un éclairage insulaire original à l’étude de la Méditerranée occidentale dans les domaines littéraire, linguistique et historique. À travers la chaire Paul Valéry, s’ouvre un dialogue fécond entre les chercheurs et doctorants de l’équipe et les meilleurs spécialistes du monde méditerranéen.

AXE 1 – PASSAGES. Migrations linguistiques et littéraires, circulation des idées, des formes et des représentations

L'axe “Passages” regroupe les chercheurs en littérature française et comparée, sciences du langage, langues anciennes, études romanes, études anglophones, traductologie, philosophie, mythographie, anthropologie culturelle, histoire et théorie des arts, histoire du livre, études cinématographiques, intermédialité.
Il s'intéresse à l'histoire des langues, des idées et des représentations pour analyser ce qui se transmet et se transforme en traversant le temps et l'espace, avec pour objectifs :
- De favoriser une meilleure compréhension des systèmes de pensée et d'expression hérités du passé ou venus d'ailleurs, et permettre une plus juste évaluation critique des effets de leur réappropriation ou de leur rejet.
- De démontrer pratiquement la fonction sociale des arts et du langage, dont la diversité structurelle et opératoire se laisse difficilement appréhender par des approches mono-disciplinaires.
- D'inscrire dans une continuité dynamique les concepts de tradition et de patrimoine immatériel.
La diversité des méthodes et des objets d'étude des chercheurs associés à cet axe permet une transversalité qui lui donne sa cohérence et favorise l'inter-relation croisée entre les disciplines, entre les époques, entre les langues et les territoires culturels, en invitant à transformer les frontières en lieux de passages et de circulation. Diverses manières de voir, de vivre et de penser sont ainsi mises en perspective selon la logique des “humanités”, tout en préservant l'autonomie de champs de recherche connexes qui se soutiennent et s'enrichissent mutuellement.
Les opérations actuellement menées par les chercheurs et doctorants réunis dans cet axe sont articulées autour trois thématiques principales :
- Itinéraires linguistiques (lexicologie, intercompréhension, langues de contact)
- Traditions et représentations (oralité, mythes et histoire, insularité, exil, territoires littéraires)
- Echanges interculturels (frontières du politique, pensée de l'art, littérature et cinéma, musique et poésie, migrations de textes, de symboles et de langages)


AXE 2 - FAIRE SOCIETE dans un cadre interculturel : les voies d’une modélisation en milieu insulaire

Les recherches de l’axe 2 posent la question du modèle, notamment en termes de citoyenneté, d’éducation, de plurilinguisme et de culture. Il s’agira donc à la fois :
- D’améliorer la connaissance de la société corse actuelle, en se dotant d’indicateurs, en constituant des bases de données, en conduisant des enquêtes auprès des acteurs de terrain et en consultant des archives ;
- D’élaborer des scénarios prospectifs en matière de cohésion sociale et culturelle. En particulier, l’un des objectifs de cet axe sera de donner du sens et de la substance à la notion de « citoyenneté culturelle ».


AXE 3 - PAYSAGES. Approche historique, archéologique et anthropologique de l’espace insulaire

Cet axe regroupe des historiens médiévistes et modernistes, des historiens du droit, des archéologues et des anthropologues autour de l’étude diachronique et pluridisciplinaire du territoire insulaire. La notion de « paysages » s’entend ici à la fois dans son versant objectif, puisqu’il s’agit d’éclairer l’occupation du territoire aux époques préhistorique, médiévale et moderne, en croisant sources archivistiques et vestiges archéologiques, et dans son versant subjectif puisque l’étude porte également sur les représentations de ce territoire.
Cette approche croisée de l’espace insulaire vise ainsi à répondre à un triple objectif :
- Reconstituer les strates historiques des paysages corses dans une perspective de patrimonialisation
- Inscrire le lien entre territoire et identité dans une profondeur historique permettant de souligner les ruptures et les continuités
- Replacer la Corse dans son contexte méditerranéen en s’interrogeant sur la connectivité des sociétés insulaires aux temps préhistorique, médiéval et moderne
En tant qu’île de la Méditerranée occidentale, la Corse s’offre ainsi comme un modèle opératoire pour éclairer la dimension historique de la notion d’insularité. Centrés sur la dialectique entre ouverture et fermeture propre aux espaces insulaires, les travaux porteront à la fois sur les paysages ruraux de l’intérieur de l’île et sur les villes littorales ; sur l’intégration de l’île aux réseaux d’échange méditerranéens (circulations des techniques, des produits et des idées) ; et sur les questions politiques (relations entre la Corse et les puissances méditerranéennes).